Idée reçue N°1:Les cyanobactéries prolifèrent dans les eaux Stagnantes

17/10/2023

Idée reçue N°1:Les cyanobactéries prolifèrent dans les eaux Stagnantes

Quelques soit sa taille et son volume, tous les plans d'eau sont concernés.

Dans l’imaginaire collectif, une eau stagnante est un petit volume d’eau qui n’est pas, ou peu, renouvelé.  

(Flac d’eau, une gouttière, un abreuvoir, un petit plan d’eau de surface, …). Ce qui n’est pas faux du point de vu grand public.

En limnologie, l’eau stagnante désigne scientifiquement la totalité de nos plans d’eau.

Depuis l’invention de la limnologie par F.-A. Forel (1892), les eaux de surface sont divisées par les chercheurs en deux grandes familles :  


1- les eaux stagnantes, appelées plans d’eau. 
2-les eaux courantes, appelées cours d’eau, 


Cette distinction scientifique résulte d’un fonctionnement très distinct de chacune des deux familles.


a-Les plans d’eau ‘ Eaux Stagnantes’ ont un mode de fonctionnement par étage dans la colonne d’eau de tous les processus (stratification thermique, photique, oxymétrique, biogéographique, etc.).   


Le corollaire biologique de ce comportement géographique se trouve être le fonctionnement vertical du cycle trophique des plans d’eau, et non d’amont en aval comme dans les eaux courantes.


b-L'eau courante est une eau vive qui coule continûment, influencé par la gravité. Elle est l’opposition d’un plan d’eau. 


Les eaux dites « stagnantes » sont tous les lacs, les réservoirs, les étangs, les sablières, les canaux, … 

 

Ces plans d’eau sont les réceptacles des pollutions et des excès en nutriment ‘phosphore/azote’ qu’ils reçoivent de manière continue.   


Les cyanobactéries planctoniques peuvent alors proliférer sur les plans d’eau par l’abondance de nourriture.                 (Cyanobactéries Planctonique = Bactéries qui vivent de manière naturelle dans la colonne d’eau)

 

Dans une eau courante, avec absence d’étagement par définition, les cyanobactéries planctoniques ne peuvent pas prospérer et proliférer.   


Ainsi les cours d’eau sont moins vulnérables et possèdent une capacité d’auto-épuration supérieur. 


 Cependant, suite à la dégradation des eaux de surface et dans un processus encore mal maitrisé par les scientifiques, les cyanobactéries ont aussi fait leurs apparitions dans les eaux vives début des années 2000. 


Celles-ci ne prospèrent pas dans la colonne d’eau (planctoniques) mais se développent accrochées sur des substrats au fond de l’eau courante (Benthiques). 


En 2023 on les retrouve régulièrement dans le Tarn, l’Ain, la Loue, l’Allier, la Loire, le Cher, Vienne,… et s’étendent d’année en année dans nombreux cours d’eau français.  


Elles sont communément appelées par les scientifiques : Les Cyanobactéries Benthiques

 

En résumé Il est exact de dire :


Les cyanobactéries planctoniques prolifèrent dans les eaux à système « stagnant = tous les plans d’eau ».                     Les cyanobactéries Benthiques prolifèrent dans les «cours d’eau= les eaux courantes». 

 

Les cyanobactéries ne prolifèrent donc pas que dans les eaux Stagnantes. La mention ‘stagnante’ dans la presse ne doit pas sous-entendre l’exclusion de certain plan d’eau. 

 

Les cyanobactéries sur les plans d’eau en France : Portrait de la situation- Version simplifié 2023.

 

 

 

                                                               Des systèmes stagnants très diversifiés                                                                      (78 milliers de km3 pour la mer Caspienne à l’hectare et de quelques milliers de m3 pour un étang ou une sablière)

 

Leur âge varie de plusieurs millions d’années (lac Baïkal) à quelques mois (sablières).

 

Un système d’eau courante peut devenir un système d’eau stagnante.  Si le temps de séjour des ‘eaux stagnantes’ peut atteindre plusieurs siècles, il peut aussi se limiter à quelques semaines, comme c’est le cas de certaines rivières ‘eaux courants’ en période de baisses des eaux. 

 

Ils sont d’origine naturelle (tectoniques, volcaniques, glaciaires…) ou artificielle (étangs de pisciculture, barrage-réservoirs…). 

 

Ces systèmes stagnants sont soit alimentés par les eaux de surface d’un bassin versant* et ses cours d’eau et/ou par des aquifères* souterrains. 

 

Les usages de ces eaux stagnantes sont également multiples : pisciculture, eau potable, hydroélectricité, drainage* ou irrigation, écrêtage des crues ou soutien d’étiage*, récréation. 

 

Compte tenu de l’ensemble de ces contraintes, chacun de ces milieux a donc un fonctionnement biogéochimique spécifique, même si les processus écologiques fondamentaux y sont comparables.

 

Références : 
L'inventaire des plans d'eau français : https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2013-3-page-266.htm
L’eau- Aux éditions CNRS- https://books.openedition.org/editionscnrs/9895?lang=fr
L’Eutrophisation;https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/ecosys/eutrophisat.html#:~:text=L%27eutrophisation%20est%20une%20forme,et%20que%20celles%2Dci%20prolif%C3%A8rent.
(Dussart, 1992, Angelier, 2000)
(Dussart, 1979, p. 10)
(Gliederung selon Wilhelm, 1960) 

 

 

 

Les cyanobactéries sur les plans d’eau en France : Portrait de la situation- Version simplifié 2023.